Dans les pays dits développés, l’enseignement et les sciences sont essentiellement appliqués à trouver des solutions aux problèmes de la vie quotidienne afin d’améliorer les conditions de vie dans les quartiers, villages, villes et cités. Aux USA, par exemple, quand on effectue des recherches dans des universités et laboratoires, c’est pour découvrir des nouvelles méthodes et techniques à appliquer en vue de trouver solution à de nouveaux problèmes qui se posent dans la société, ou pour améliorer les solutions existantes. Ces problèmes peuvent toucher divers domaines : santé, transport, communication, énergie, détente et loisir, relations interpersonnelles, relations raciales, politique, croyances et religions, etc.
Dans mon laboratoire de génie mécanique, par exemple, mon équipe et moi (de jeunes chercheurs : étudiants de Master et de doctorat) à Washington, DC, nous sommes actuellement en train de faire de recherche expérimentale pour inventer et produire un type particulier de cellule photovoltaïque dans le but de monter un petit panneau solaire de dimension d’une feuille de papier A4, capable d’alimenter en électricité et chaleur une maison habitée par une famille pendant au moins 24 heures. Une telle invention sera une révolution qui va transformer le monde d’énergie. Beaucoup de laboratoires et universités aux USA sont en compétition pour l’invention de ce type de cellule photovoltaïque. L’équipe des chercheurs qui sera la première à mettre au point cette découverte sera une référence, une star dans ce domaine, et mon équipe espère l’être.
Mais qui décide des recherches à faire ? Et qu’est-ce qui pousse les laboratoires et universités à faire telle ou telle recherche au lieu de telle ou telle autre ? Aux USA, tout commence par un homme ou une femme d’affaires ou tout observateur attentif qui identifie un besoin non satisfait dans la société. Mettre au point un service ou un bien pour satisfaire ce besoin ouvrirait des opportunités d’affaires, car les gens seraient prêts à débourser pour l’acquérir. Alors l’homme ou la femme en quête d’affaires prend contact avec une université et la sollicite à entreprendre une recherche pour inventer le service ou le bien dont la société est en manque. Pour cette recherche, le laboratoire peut avoir besoin d’un nouvel instrument, outil ou matériel. Il faut aussi payer les étudiants chercheurs, leur professeur, et l’université elle-même. Tout cela est calculé, et l’homme ou la femme d’affaire signe un contrat de recherche et paie pour les frais engendrés par cette recherche. Une fois que la recherche aboutit, le prototype de l’invention est remis à l’homme ou femme d’affaires qui va lancer la production en masse dans son entreprise en vue de la commercialisation. Les gens seront heureux de voir une solution trouvée à leur problème, et vont naturellement acheter les produits. L’homme/la femme d’affaires gagne plus d’argent et devient plus riche. La société va de l’avant. En plus des hommes et femmes d’affaires, une organisation non-gouvernementale, une agence gouvernementale, un ministère, la présidence, l’armée, etc., peut aussi sponsoriser des recherches pour demander qu’on puisse lui inventer des instruments, des matériels, des méthodes ou techniques pour faciliter ses activités.
A noter que quand la demande émane du pouvoir public (ministère, armée, etc.) et donc fait appel à l’argent du contribuable, il faut passer par les marchés publics nationaux ou, le cas échéant, les marchés publics internationaux, suivant les directives de l’OMC.
En RD Congo comme dans des nombreux pays Africains, il y a aussi des hommes et femmes d’affaires, des organisations non-gouvernementales, des agences gouvernementales, des ministères et des institutions qui sont dotés de beaucoup de ressources financières mais qui ne songent jamais à sponsoriser des recherches dans leurs écoles, instituts supérieurs et universités. En outre, de façon générale, les programmes d’études en RD Congo et dans des pays africains se limitent à faire mémoriser des principes et théories livresques aux élèves et étudiants pour leur octroyer des diplômes. Tandis que dans les pays dits développés, de façon générale, les études théoriques et livresques ne sont qu’une base de connaissances pour comprendre le monde, l’univers, la société, afin de réfléchir pour trouver des nouvelles solutions aux nouveaux problèmes auxquels la société fait face, pour imaginer, concevoir et mettre au point des méthodes et techniques pour transformer les ressources naturelles en produits finis, afin d’améliorer les conditions de vie dans la société.
Donc en RD Congo et en Afrique, l’enseignement forme des répétiteurs des théories livresques et chercheurs d’emplois ; tandis que dans les pays développés, l’enseignement forme des inventeurs, des innovateurs et créateurs d’emplois.
Voilà pourquoi, la RD Congo est un pays rempli de politologues mais la politique nationale est catastrophique. Un pays rempli de juristes avec des cours et tribunaux poubelles où la justice est achetée par celui ou celle qui offre plus, ou instrumentalisés à des fins politiques. Un pays plein d’économistes avec une pauvreté et misère les plus déshonorables du monde. Un pays plein d’ingénieurs de toutes sortes pendant que les routes et les infrastructures sont délabrées en permanence. Un pays qui est rempli d’agronomes pendant que la faim et la malnutrition font rage dans les villages, villes et cités sur toute l’étendue de la République. Un pays plein des serviteurs de Dieu pendant que l’immoralité, la corruption, les vols et détournements battent leur plein. Un pays rempli des dirigeants politiques corrompus et corrupteurs, voleurs et détourneurs, médiocres, mais les populations les applaudissent parce qu’ils sont de leurs provinces ou tribus.
A quoi bon l’enseignement, la recherche, la science, la technologie, etc., s’ils ne servent pas le bien commun et n’améliorent pas les conditions de vie dans la société ?
Voilà pourquoi, ADENU (association pour le développement du Nord-Ubangi) dit qu’il est plus que temps que les législateurs et les décideurs politiques repensent la vision et les missions de l’université pour faire de celle-ci le levier du développement et drainent vers elle l’implication de toutes les composantes de la société. Et c’est dans cette perspective qu’elle procède dans quelques jours à l’ouverture de son centre de pensée et d’action à l’université de Gbado-lite (UNIGBA) pour la sensibilisation et la conscientisation des filles et fils du Nord-Ubangi.
Ensemble, nous sommes plus forts.
Tongele N. Tongele, Ph.D.
Docteur et professeur de génie mécanique
Washington, DC, USA,
Rédacteur en chef.